Ruyange Jean-Fraterne

Réfugiés en Ouganda : Jospin et les illusions perdues

Décrit comme un paradis pour les réfugiés congolais qui rêvent de l’Occident, l’Ouganda sera bientôt à considérer comme un berceau d’apatrides.

Pour de nombreux réfugiés congolais, l’Ouganda n’est qu’un point de transit vers l’Occident. Le camp de Nakivale, le plus grand et le plus ancien camp de réfugiés d’Afrique, a vu naître des enfants aujourd’hui majeurs qui attendent toujours la réinstallation de leur famille sans aucune citoyenneté.

Jospin est l’un de ces enfants nés sur les rives du lac Nakivale – qui a donné son nom au camp –, situé près de la frontière tanzanienne dans le district d’Isingiro, dans le sud de l’Ouganda, à environ 200 km de Kampala, la capitale. Ces enfants n’ont jamais connu d’autre vie que celle qu’ils affrontent dans le camp et ont le sentiment que leur destin a été sacrifié par la sublimation de l’Occident.

Prénom d’emprunt, Jospin n’a pas été pris ici en tant que tel, mais en référence au nom de l’ancien premier ministre français Lionel Jospin. Jospin rêve de grandeur et son père a presque réussi à le convaincre qu’il sera plus grand que Lionel Jospin qu’il admire tant. Cependant, le Jospin de cette histoire est d’origine congolaise. Son meilleur ami, Muisa, aimerait devenir acteur de cinéma. Grand fan de Schwaznegger, il se fait appeler Arnold dans le quartier pour incarner la force et le courage auprès de ses camarades. Ceci n’est pas rare chez le Congolais, voire l’Africain en général; pire encore chez les réfugiés pour qui la sublimation excessive de « Poto[1] » est le meilleur des rêves.


[1] Surnom donné à l'Occident par les Congolais pour qui immigrer en Europe ou en Amérique est le plus grand rêve.

Né pour rêver

A un an et quelques mois de sa majorité, Jospin va devoir faire face au même problème que Marceline, sa grande sœur, qui, à 21 ans, n’a jamais su de quel pays elle était citoyenne. Si Marceline ne s’inquiète plus trop de sa propre situation, qui n’est pas si éloignée de celle d’une « apatride », elle est néanmoins très préoccupée par la situation de son petit-frère Jospin.

Cela fait bientôt 4 ans qu’elle a eu 18 ans mais tous ses souvenirs d’enfance sont dans ce camp. Sa mère lui raconte toujours combien leur voyage était périlleux pour quitter le Congo en 2001 alors qu’elle n’avait qu’un an. Bien qu’elle ne puisse pas reconstituer ne serait-ce qu’une image de ce qu’a été sa vie là-bas, elle estime néanmoins que son cas est différent de celui de Jospin car « il est né ici », insiste-t-elle.

« J’ignore le processus de naturalisation en Ouganda parce que je n’ai pas eu la chance de trop étudier, mais mon grand-frère mérite d’avoir la citoyenneté parce que c’est ici qu’il est né. C’est son pays, jusqu’à ce que nous partions en Europe. », nous confie Marceline.

Pour sa part, Jospin est fermement convaincu qu’il est congolais pour la simple raison que le Congo est le pays de ses origines. Une chose qu’il ne cesse de répéter lorsqu’on l’interroge sur sa nationalité : « Mes parents sont venus de là ». Cependant, il retient parfois cette conviction car il craint de ne pas vraiment ressembler aux Congolais, ne connaissant pas les us et coutumes du pays de Lumumba.

« Je ne sais pas comment les Congolais vivent au Congo. Je n’y ai jamais été et si j’y vais un jour, ils découvriront facilement que je viens d’ailleurs car je ne saurais pas comment me comporter avec eux. Je suis né ici, je parle la langue et je mange la nourriture d’ici. », avoue Jospin.

Le sens du devoir s’installe déjà dans l’esprit de Jospin. Incapable d’étudier comme les autres gamins de son âge, il sort au milieu de la nuit avec ses amis. Ils marchent comme des gazelles jusqu’au lac Nakivale où ils fabriquent des briques de construction dès l’aube. Ils se sont lancés dans un véritable marathon car l’année prochaine, ils veulent retourner à l’école :

« Quand nous aurons cuit ces briques, nous les vendrons et l’argent que j’obtiendrai après le partage, j’achèterai des articles scolaires et je paierai mes frais de scolarité », planifie Muisa Arnold, l’un des deux amis avec lesquels Jospin travaille à la fabrication des briques.

L’enseignement public en Ouganda est gratuit et obligatoire pendant les sept premières années de l’enseignement élémentaire, pour tous les enfants ougandais âgés de 6 à 13 ans. Jospin et son ami Arnold n’ont pas pu profiter de ce privilège car ils ne sont pas citoyens, bien qu’ils soient nés en Ouganda.

« Le nombre d’élèves est aussi faible dans les écoles publiques que dans les écoles privées. Beaucoup d’enfants nés ici n’ont aucun document de citoyenneté mais aussi leurs parents ont un revenu moyen de moins de 0,5 dollar par jour. Ce sont les deux facteurs qui font qu’il est difficile pour les enfants réfugiés d’aller à l’école. » Salima Namusobya, directrice exécutive de l’Initiative pour les droits sociaux et économiques, nous a expliqué.

Nyakabande ou le chemin du calvaire pour les réfugiés

C’est ici que commence le voyage vers le tout prisé « Poto ». Nyakabande est situé à environ 126 km de la ville de Mbarara, à l’intersection des frontières entre la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda. Les conditions de vie sont effroyables dans ce « Centre de Transit ». Il est appelé ainsi car c’est là que tous les réfugiés sont accueillis avant d’être installés dans les 13 camps répartis sur le territoire ougandais, y compris les réfugiés urbains de Kampala.

Centre de Transit de Nyakabande
Des réfugiés au Centre de Transit de Nyakabande. Photo: Jean-Fraterne Ruyange

Il est difficile d’imaginer que le voyage vers une ville dite « de lumière » comme Paris, par exemple, puisse commencer par de telles aberrations, et pourtant c’est le cas. Ici, à Nyakabande, chaque réfugié est indigné. L’une des plaintes les plus courantes est qu’on leur sert une « nourriture inadéquate », selon les mots de Jean-Pierre Kyatsumbwa.

Âgé de sept ans seulement, Jean-Pierre Kyatsumbwa a dû fuir son village natal de Kihinga, dans la province du Nord-Kivu, avec son oncle Bahiti Bavurike. Ce dernier estime que les autorités du camp leur font subir un « traitement inhumain » et que « les conditions de vie y sont déplorables, notamment en matière d’assainissement ». Les toilettes sont totalement inhabitables, ce qui constitue un choc supplémentaire pour lui, qui vient de fuir les affrontements en cours entre les rebelles du Mouvement du 23 mars et les Forces armées de la République démocratique du Congo.

Toujours en raison des combats entre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et les FARDC, au 13 juin 2022, plus de 20 000 réfugiés ont décidé de camper dans des sous-comtés plutôt qu’au Centre de Transit, refusant de rejoindre les autres à Nyakabande.

A lire aussi : Un matin, un débat : faut-il privilégier la Justice ou la cohésion sociale dans une zone post-conflit ?

Ils ont eu recours à l’empiètement sur des terres appartenant à des Ougandais et disent qu’ils ne peuvent pas accepter d’aller à Nyakabande car il n’y a pas assez d’espace pour faire paître leur bétail. De plus, « rester près de la frontière leur donne la possibilité de traverser vers Rutshuru et de cultiver ou de se procurer de la nourriture », a déclaré Hajji Shafique Ssekandi, commissaire résident du district de Kisoro.

Sans ressources, sans dignité, on ne peut qu’apprendre à être résilient. Les réfugiés ne se révoltent plus par ici, même s’ils sont soumis à toutes sortes d’abus qui peuvent entraîner des chocs désagréables ou traumatisants. A Nyakabande, les conditions de vie sont effroyables dans le « Centre de Transit ». Il est appelé ainsi car c’est là que sont accueillis tous les réfugiés avant d’être installés dans les 13 camps de réfugiés répartis sur le territoire ougandais, y compris les réfugiés urbains de Kampala.

Nous avons fui la guerre parce que nous avions peur de mourir, maintenant nous avons l’impression que c’est ici que nous serons enterrés.

Daphine Gatluak, refugiée sud-soudanaise

La police ougandaise fait régner l’ordre dans ces camps à l’aide du fouet et de la flagellation. Malheureusement, la police n’est pas la seule à agir de la sorte ici. Marit, neuf ans, porte encore sur son dos les marques d’un coup qu’elle a reçu il y a trois jours. « L’homme qui lui a fait ça se trouve dans le bureau d’en face », dit sa mère Daphine Gatluak, en indexant l’Office du Premier Ministre, l’OPM, qui gère le camp.

« Imaginez l’image que ma fille a de lui chaque fois qu’il le regarde et la douleur qu’elle ressent quand elle y pense. Elle devra porter cette blessure en elle pour le reste de sa vie. Nous avons fui la guerre du Sud-Soudan parce que nous avions peur de mourir, maintenant nous avons l’impression que c’est ici que nous serons enterrés. » Sans voix tout au long du discours de sa mère, Marit, en larmes, a penché sa tête pour la poser sur les jambes de sa mère.

Il est 17 heures, les dernières lueurs du jour se font avaler par l’horizon, mais Isniino, une fillette Somalienne trop forte pour son âge, 4 ans, n’a rien mangé depuis le matin. Elle s’occupe de Caaisho, sa petite sœur, depuis 8 heures du matin, tandis que leur mère se bouscule dans la foule pour recevoir le jeton qui fixe son entretien. Le numéro figurant sur le jeton détermine le calendrier d’enregistrement des réfugiés, de l’organisation du transport à la perception des allocations familiales.

« Le problème est que la plupart des employés du HCR sont payés à la journée. C’est pourquoi ils prolongent les choses afin que nous revenions encore ici le lendemain. Je suis tellement fatiguée et affamée que j’ai l’impression de ne plus avoir de lait dans ma poitrine pour allaiter ma plus jeune fille qui n’a que 6 mois », a avoué Aasha Waabberi, la mère d’Isniino et Caaisho.

Douglas Asiimwe, commissaire aux réfugiés de l’Office du Premier Ministre, OPM, n’a pas pu répondre à ses accusations mais s’est justifié en disant que « ce sont les nouveaux réfugiés qui se lamentent car ils n’ont pas le nombre exact de dossiers à traiter par jeton. Il y a des familles avec 12 ou même 15 membres dans un même dossier. Nous ne donnons qu’un jeton par dossier mais nous l’étudions au cas par cas, c’est-à-dire personne par personne en fonction de leur nombre. »

Des réfugiés discriminés par une loi rigide

Imaginez que vous soyez privé de votre nationalité et traité comme un étranger dans le seul pays que vous n’ayez jamais connu, celui où vous êtes né et avez passé toute votre vie, celui où vivent tous ceux que vous connaissez (amis, famille, et peut-être même grands-parents). Dans un an et quatre mois, Jospin sera juridiquement responsable de ses droits et de ses devoirs. Il n’aura cependant pas ce grand privilège qui garantit à la fois des droits concrets et la protection des droits – comme le droit de vote – et pire encore un symbole d’attachement et d’appartenance.

Depuis plus de 20 ans, de nombreux réfugiés en Ouganda n’ont pas pu acquérir la citoyenneté ougandaise, ce qui a incité le Refugee Law Project (RLP) et le Center for Public Interest Law (CEPIL) à demander en 2010 à la Cour constitutionnelle ougandaise un avis sur l’acquisition de la citoyenneté pour les réfugiés au regard de la loi.

La Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, ratifiée par l’Ouganda en 1976, stipule que « Les États contractants faciliteront, dans la mesure du possible, l’assimilation et la naturalisation des réfugiés. » En particulier, ils s’efforceront d’accélérer la procédure de naturalisation et de l’alléger, dans la mesure du possible. En droit ougandais, les instruments juridiques qui déterminent l’accès à la citoyenneté sont la Constitution (telle que modifiée en 2005), la loi ougandaise de 1999 sur la nationalité et le contrôle de l’immigration (LONCI), (telle que modifiée en 2009) et la loi de 2006 sur les réfugiés. Malheureusement, ces dispositions ne sont ni précises au niveau national ni appliquées dans la pratique.

En outre, certaines parties du droit ougandais sont explicitement discriminatoires à l’égard des réfugiés, notamment l’article 12 de la Constitution qui stipule qu’une personne née sur le territoire peut prétendre à la citoyenneté par enregistrement, mais uniquement si « aucun de ses parents ou grands-parents n’a été réfugié en Ouganda ». L’article 14 de la loi LONCI renforce cela en garantissant la citoyenneté par enregistrement uniquement aux migrants qui sont en Ouganda depuis plus de dix ans selon la constitution, 20 ans selon la loi sur la citoyenneté et le contrôle de l’immigration en Ouganda, UCICA, à condition qu’ils aient immigré en Ouganda « légalement et volontairement. »

« Ce sont les autres qui décident de ce qu’ils appellent légal et volontaire. Je ne sais pas si pour moi, être né ici est l’un ou l’autre. En quoi naître ici est-il plus illégal que naître ailleurs ? J’aimerais bien qu’on m’explique ça », dit un Jospin perplexe.

La réinstallation, le jackpot ultime ?

Jusqu’à récemment, le transfert vers un pays tiers était une mesure principalement réservée aux réfugiés ayant des besoins de protection particuliers, comme les victimes de violences ou les enfants non accompagnés. Le nombre de personnes réinstallées était relativement faible (en 2013, seul 1 % des 16,7 millions de réfugiés dans le monde avaient accès à la réinstallation).

Malgré cette léthargie dans le processus, Justin Mugurineza, le père de Jospin, ne jure que par la réinstallation :  » Retourner au Congo ? Je n’y ai pas pensé depuis trop longtemps. Nous souffrons ici pour tout le reste, mais je n’ai jamais ecouté le crépitement des balles, ni assisté aux décapitations ou aux massacres. Je quitterai ce camp le jour où ma famille et moi nous sentirons en sécurité à Poto. »

Il y a déjà beaucoup de faux réfugiés dans le camp.

Marceline Mugurineza, réfugiée congolaise

Sa sœur Marceline croit encore qu’elle pourra trouver un emploi une fois réinstallée pour aider Jospin à retourner à l’école. Elle reste cependant réticente, car « la corruption est le système d’exploitation dans le traitement des dossiers », estime-t-elle.

 » Il y a déjà beaucoup de faux réfugiés dans le camp. Ils viennent de zones non-conflictuelles comme Kisangani, Kinshasa et Lubumbashi. Il y a aussi des ressortissants de pays qui ne sont pas en guerre, comme le Nigeria et la Tanzanie, mais qui sont enregistrés comme réfugiés congolais. Tout le monde veut sauter sur l’occasion pour aller profiter de la belle vie à Poto et cela réduit nos chances d’être réinstallés trop rapidement », s’inquiète encore Marceline, mais sans perdre espoir.

Jospin en a déjà assez de l’espoir qu’il reçoit de son père et de sa sœur. Pour lui, la réinstallation est un saut dans l’inconnu. Comme il n’est sûr de rien, il se rassure en faisant fi de leurs avis. Pour lui, le Congo n’est que le nom d’un lieu qu’il ne connaît pas, tout comme le reste du monde d’ailleurs. « Si je suis vivant ici, d’autres le sont ailleurs », dit-il. « A Nakivale, au Congo ou ailleurs, tant qu’il n’y a pas de guerre, je ne peux que me sentir chez moi. ».

Cette histoire a été publiée avec le soutien de Media Monitoring Africa et de l’UNICEF dans le cadre de l’initiative lsu Elihle Awards.

ZOOM : L’accueil de réfugiés en Ouganda

En RDC, les combats entre le groupe armé M23 et l’armée congolaise ont déjà poussé plus de 400 000 personnes sur les routes. Depuis mars, plus de 100 000 civils ont trouvé refuge en Ouganda, pays qui compte déjà 1,5 million de réfugiés. Ces chiffres en font le plus grand pays d’accueil en Afrique et, au niveau mondial, le cinquième.

Le camp de réfugiés de Nakivale, à six heures de route de la capitale Kampala, s’étend sur plus de 180 kilomètres carrés. Huitième plus grand camp de réfugiés au monde, c’est là que résident plus de 100 000 réfugiés venus de plusieurs pays : Rwanda, Somalie, RD Congo, Burundi…

LIRE AUSSI : L’Ouganda dépassé par le flux de réfugiés fuyant les violences en RD Congo – France 24

Google Maps/RFI


Le Blog, un support d’idées à l’image de celui qui le rédige

Cela semble complètement fou, mais le 1er septembre prochain, mon tout premier blog aura 7 ans. Je me rappelle encore de cette sensation que ça donne et j’ai encore soupiré aujourd’hui en relisant mon tout premier article de blog sur le rôle de l’ONU en République Démocratique du Congo. Quoi qu’il en soit, ma relation avec le blogging est en constante évolution…

Certaines années, nous sommes les meilleurs amis, d’autres années, j’ai l’impression que nous sommes des ennemis jurés. Il y a aussi des périodes où nous sommes des correspondants perdus depuis longtemps. Les mises à jour sont sporadiques, mais sincères. Pourtant, nous revenons toujours l’un vers l’autre.

Avec des camarades de la Blogosphère de Goma, en République Démocratique du Congo.
Crédit : Providence Baraka

En ce qui concerne mon blog, j’avais l’habitude d’accorder beaucoup plus d’importance à la fréquence et à la qualité de mon contenu, et le refrain constant dans ma tête était « Est-ce que je fais ça bien ? ». Lorsque le blogging a explosé en tant qu’industrie à Goma, ma ville natale, grâce notamment au génie de Gaïus KOWENE, on avait l’impression qu’il fallait suivre à la lettre un ensemble d’incontournables pour publier et intéresser les lecteurs.

Parfois, quand je regarde en arrière, je me dis que le fait de suivre des règles aussi strictes a enlevé beaucoup de joie à la création. Pourtant, dès le premier jour, dès mes premiers pas, Gaïus KOWENE m’avait appris que : « La première règle dans le blogging est qu’il n’y a pas de règles. »

Et le Blog me surprît…

Aujourd’hui, alors que nos capacités d’attention sont plus courtes et plus divisées que jamais, je suis de plus en plus convaincu que la meilleure stratégie de blog est celle qui fonctionne pour vous à tout moment. Il s’avère que les différents sentiments que j’ai éprouvés à l’égard de mon blog reflètent ce que l’on ressent dans toute relation à long terme.

Il y a des hauts et des bas, des moments faciles et des moments difficiles. Mais en fin de compte, j’aime que mon petit espace en ligne soit toujours là pour moi, et qu’il puisse servir de toile créative pour tout ce dont j’ai besoin à ce moment-là de ma vie.

Ma vie chamboulée par le Blog

Je n’oublie pas qu’en tant que journaliste autodidacte, j’ai affiné nombre de mes compétences, il y a des années, en créant du contenu sur mon blog. Plus récemment, j’ai exploré le contenu long sous la forme d’essais personnels sur des sujets divers. C’est assez étonnant, quand on y pense, qu’un mini site web puisse vous apporter autant, si vous vous y tenez suffisamment longtemps !

C’est en 2018 que j’ai découvert qu’en dénonçant tel ou tel abus sur mon blog faisait de moi un activiste. Inconscient de mon activisme que j’activais en partageant surtout des poèmes, j’ai eu la chance de participer au « Activism in digital era ».  Cet atelier de formation à la sécurité numérique facilite par Nothing2Hide en partenariat avec Africans Rising à Arusha, en Tanzanie, a fait de moi aujourd’hui un vrai DatActivist/Webactivist.

Moi, facilitant un débat sur les droits numériques en marge du #YDWAP2020
Crédit photo : #BloGoma

Tout cela a commencé dans ma communauté, la #BloGoma, grâce à qui j’ai appris à former et à informer journalistes, activistes et autres professionnels sur comment façonner leur identité en ligne, protéger leurs données et communications, assurer leur vie privée sur internet aux côtés de Providence Baraka et tous les autres.

Ayant commencé comme « bloète[1] », aujourd’hui, bien qu’ayant perdu ma passion pour la constance, la plupart de mes blogs parlent de la sécurité numérique, la gouvernance de l’internet et/ou de la vérification des faits.

Alors, si vous continuez à écrire votre propre blog (ou si vous envisagez d’en créer un !), n’oubliez pas que ce que vous ressentez aujourd’hui ne sera pas nécessairement ce que vous ressentirez demain, ou le mois prochain, et certainement pas dans 3, 5 ou 10 ans. Laissez votre blog être ce que vous avez besoin qu’il soit pour l’instant. La beauté de posséder un mini site Web est qu’il peut évoluer avec vous, et avec un peu de chance, même vous surprendre de la meilleure façon.

La preuve irréfutable

Le blogging peut être ce que vous voulez ou ce que vous avez besoin qu’il soit. Il peut être une activité secondaire. Une activité à plein temps. Un endroit pour écrire. Un endroit pour partager des photos. Un endroit pour expérimenter quelque chose de nouveau. Et si vous blogguez suffisamment longtemps, il peut même être tout cela à différents moments !

Qui aurait cru que les conseils relationnels d’un blog seraient aussi de bons conseils pratiques pour la vie ? Août c’est le mois du Blogging, on se retrouve donc avant la fin de ce mois pour un billet qui vous donnera la différence entre un blog et un essai.

N’hésitez pas à laisser en commentaire ce que le blog a fait de vous, comment il a été un catalyseur, un concours de circonstance ou une opportunité dans votre vie. Et pour ceux qui veulent se lancer, faites du blog d’abord un support à votre image, fait pour vous comme le miroir de vos idées.


[1] Poésie sur blog, blogueur poète, poètoblogueur, etc.


RDC, manifestations contre la MONUSCO : Rumeurs et tentatives de désinformation sur la présence des Casques bleus en République démocratique du Congo

Le peuple congolais semble plus que jamais déterminé à se débarrasser de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Ce qui est reproché à cette force armée onusienne c’est surement la fin de sa dénomination : « … pour la stabilisation en RD Congo. »

En tant que jeune congolais lambda qui a la vingtaine, je sais que les Casques bleus ont toujours été là, et que la MONUSCO a toujours été présente depuis que je suis petit… Tout comme la guerre et l’instabilité d’ailleurs ! Le problème, c’est que, depuis son installation en 1999, il y a trop de rumeurs et de mensonges à propos de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO, anciennement MONUC).

Ici, je vais essayer de déconstruire les rumeurs et affirmations erronées qui circulent en RDC au sujet de la MONUSCO :

1. « C’est la MONUSCO qui a apporté la guerre et les tueries au Congo »

Faux. C’est à cause de la guerre, des tueries, des viols et de la violence que l’humanité (je l’écris en souriant) a décidé qu’il fallait une force internationale neutre pour OBSERVER les violations et S’INTERPOSER le cas échéant.

Les casques bleus n’ont pas vocation de rétablir la paix stricto sensu, mais de la maintenir, et ce dans le cadre d’un cessez-le-feu entre belligérants. Et comme dit plus haut, il s’agit aussi d’empêcher les belligérants de commettre les crimes sur les populations civiles, présumées innocentes.

2. « La MONUSCO ne quittera jamais le Congo de gré ou de force »

Faux. Au contraire, la MONUSCO n’a pas vocation à demeurer éternellement au Congo. Mais elle sera là tant que les raisons qui ont poussées à son engagement seront toujours d’actualité. Est-ce que ces raisons n’existent plus aujourd’hui ? C’est la question… Est-ce que l’État congolais peut affirmer être à ce jour capable de protéger les Congolais dans les zones des conflits ? Encore une autre question.

A lire aussi : 17 mai : ces fake news autours de la « journée de la libération » de la RDC

3. « Le gouvernement congolais dépense inutilement trop cher pour la MONUSCO »

Faux. La MONUSCO ne coûte rien à la RDC. Ce n’est pas la RDC qui finance la MONUSCO. Bien au contraire, la MONUSCO emploie des congolais mais elle paie aussi ses agents expatriés au Congo, qui, d’une manière ou d’une autre, dépensent au Congo et participent donc à l’économie nationale.

Le taux de contribution au budget de l’ONU pour la République démocratique du Congo est respectivement de 0,0010% en 2021, selon le Barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses relatives aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies

4. « La MONUSCO est inefficace »

Partiellement vrai, partiellement faux : Cette question sur l’efficacité des Casques bleus est une affaire complexe. Personne ne veut mener la guerre des autres, et c’est légitime. Ce qui ne l’est pas, c’est de croire que de droit, la MONUSCO doit faire nos guerres ! Si aujourd’hui la rébellion du M23 occupe Bunagana (Nord Kivu) mais que la paix y est maintenue, pour la MONUSCO c’est bien.

S’il y a des tueries dans le grand Nord de la RDC, la MONUSCO tâchera de protéger la population civile quand celle-ci demandera sa protection, elle tâchera aussi de demander un cessez-le-feu. Mais un cessez-le -eu entre qui et qui ? Question congolaise !

Pour dire vrai, si le Congo est encore Congo aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à l’ONU, et ce depuis 1960. C’est la mission de l’ONU qui a mis fin à la sécession Katangaise par exemple (alors qu’elle était partie pour durer).

Donc, la MONUSCO n’a aucun intérêt à maintenir la guerre au Congo. Les fonctionnaires internationaux auront toujours d’autres missions ailleurs. Et d’ ailleurs, du côté des militaires, actuellement les pays volontaires manquent.

5. « La MONUSCO doit partir »

Vrai. Elle partira, mais pas avec l’insécurité et les tueries, parce qu’elle n’est pas venue avec. La question de la paix est nôtre. Seulement nôtre. Il ne faut pas être ingrat et d’un esprit grégaire.


17 mai : ces fake news autours de la « journée de la libération » de la RDC

Après 32 ans de dictature, c’est un certain 17 mai 1997 qui a marqué la chute du Marechal Mobutu. Les troupes de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) et alliés font leur entrée triomphale à Kinshasa, la capitale zaïroise, après sept mois de guerre.

En référence à la victoire de cette coalition rebelle qui a vaincu le « Léopard du Zaïre », la journée du 17 mai sera célébrée jusqu’en 2018 comme « Journée de la libération ». Cependant, en 2019, un communiqué émanant du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Prévoyance sociale, a indiqué que cette journée célébrera désormais « la révolution et les Forces armées de la RDC (FARDC) ».

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Mémorial des victimes des conflits armés en République Démocratique du Congo
Crédit photo : HabariRDC

Laurent-Désiré Kabila devenait alors président de la République apportant avec lui polémiques et plusieurs autres sortes de rumeurs et fausses informations. Le but de cet article est donc de les explorer et les déconstruire.

1. C’est l’AFDL qui a amené la guerre au Congo

Faux et Archifaux : En effet, dès le début des années 1980, le Zaïre est en faillite totale et généralisée (cf. Lettre des 13 parlementaires). A partir du milieu des années 1980, les groupes armés pullulent dans le Kivu et un peu partout. Les armées étrangères poursuivent régulièrement leurs rebelles au Zaïre, que ça soit au Nord par le Soudan, à l’Est par tous les pays frontaliers, au Sud-Ouest par l’Angola. Le Zaïre est un « No-law zone » qui sert de replis ou de terrain d’entraînement.

2. Ces sont les Rwandais qui ont mené la guerre de l’AFDL

Faux et Archifaux : Le Rwanda faisait partie de la coalition qui a soutenu l’AFDL, et personne ne peut nier de son implication dans la création même de l’AFDL. De même l’AFDL et le Rwanda comme avec tous les pays qui ont activement participé à cette guerre, chacun avait des objectifs militaires et politique différents. Sur terrain, l’armée Rwandaise ne s’occupait que de l’artillerie et de pilonnage des positions des FAZ et alliés.

La ligne de front était tenue par les Kadogo (enfants soldats), qui ont effectivement fait la marche révolutionnaire. L’apport du Rwanda n’était pas plus décisif que celui de l’Angola à Kenge par exemple. Tous les pays frontaliers ou presque ont participé activement à cette guerre.

3. C’est Kabila et l’AFDL qui ont amené les Rwandais au Congo

Faux et Archifaux : En 1994, après le génocide Rwandais, plus d’un million de Rwandais traversent la frontière avec dans le lot quasiment toute l’armée du régime Hutu déchu avec armes et munitions.

4. Le RCD est la suite de l’AFDL

Faux et Archifaux : L’AFDL est une alliance des mouvements déjà militarisé depuis longtemps. Dont le PRP de Mzee, le CNRD de Kisase, le MRLZ de Masasu Nindaga, et le ADP de Douglas Deo Bugera.

Après la prise de Kinshasa, le renvoi du contingent Rwandais par le « Mzee », le RCD est créé non par des anciens cadres de l’AFDL mais par des anciens Mobutistes, des opposants politiques de Kinshasa et des soi-disant activistes de la société civile : Mende, Mwamba, Ngoma, Ilunga,…

5. L’Accord de Lemera dit qu’on devrait donner une partie du territoire au Rwanda

Faux et Archifaux : L’armée du Régime Tutsi du Rwanda est venue au Congo pour poursuivre les ex-FAR et les Interamwe, Genocidaire et qui menaçaient réellement la sécurité du nouveau régime.

Les Hutus forment la population majoritaire dans les Grands-Lacs, si on couple ceux du Congo (deuxième grande communauté du Kivu), ceux du Rwanda (plus de 90% de la Population), ceux du Burundi, et des populations analogues. Les tutsi forment une minorité dans la sous-région.

Du reste, même son autochtonie est contestée partout. Il serait donc impensable d’imaginer que la petite minorité Tutsi du Rwanda, en mal avec sa majorité hostile, se donne pour ambition d’annexer des territoires occupés par d’autres congénères de cette majorité.

Pire encore, d’autres peuples encore plus hostiles comme les Yira, les Bembes, les Shi… Donc, empirer son problème en le multipliant par un X infini.  Ne serait-ce que supposer cela relève de l’ignominie inqualifiable qui ne peut sortir que d’un déséquilibré psychique?

Voilà… Nous avons déconstruit !


Ouganda : formation en journalisme pour la promotion des contenus francophones

Une formation en journalisme a été lancée ce mardi 19 Avril 2022 à l’Alliance Française de Kampala. Elle est facilitée par Robert Minangoy, responsable de RFI en Swahili au profit des journalistes de Bonjour Kampala.

Les journalistes de Bonjour Kampala en atelier de formation avec Robert Minangoy, expert de RFI
Robert Minangoy forme les journaliste de Bonjour Kampala au sein de leur studio. Crédit : Jean-Fraterne Ruyange

Cette formation vise à promouvoir la langue de Molière dans ce pays d’Afrique de l’Est. Voilà pourquoi d’autres journalistes ougandais parlant français ont bénéficié de cette formation aux côtés de ceux de « Bonjour Kampala ».

Pendant cinq jours, les participants à la formation ont tiré avantage de l’expertise du représentant de Radio France Internationale pour renforcer les fondamentaux du métier : écriture journalistique, conception et réalisation de journaux radiophoniques, pratique du reportage et de l’enquête, secrétariat de rédaction… D’autres aspects ont été passés en revue : déontologie, droit de la presse, écriture de dépêches dans de nombreux secteurs.

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Promouvoir le français en Ouganda à travers le journalisme

La qualité de l’information est essentielle dans un environnement fait de nombreux médias et dont les informations ne sont pas toujours vérifiées ou authentifiées. C’est ainsi que le but ultime de cette formation est de faire des stagiaires des vecteurs d’une information juste, fiable tout en promouvant la langue de Molière en Ouganda.

La Communauté de l’Afrique de l’Est a récemment intégré le français comme troisième langue officielle à utiliser en son sein après l’anglais et le kiswahili. Cela fait, par ricochet, du français une langue officielle en Ouganda.

Actuellement, le français est largement parlé en RDC et au Rwanda et au Burundi voisins. Dans l’ensemble, parler plus d’une langue internationale favorise la diversité culturelle et le développement économique dans un monde toujours plus « globalisé ».

L'ambassadeur de la France en Ouganda s'adresse aux journalistes de Bonjour Kampala
Jules-Armand Aniambossou, ambassadeur de la France en Ouganda, visite les stagiaires en pleine séance de formation. Crédit : Jean-Fraterne Ruyange

Qui plus est, Total Energies, une compagnie pétrolière française multinationale, est partie prenante dans un projet ougandais d’extraction de l’or noir. La langue française est donc plus que nécessaire alors que le pays compte bénéficier du transfert de technologies et de savoir-faire français au profit du secteur pétrolier et gazier.

Bonus : Petite vidéo d’une scéance en studio. Marcienne Bangala sur le microphone.