La descente aux enfers de l’économie congolaise
Depuis un certain temps, l’économie de la République démocratique du Congo (RDC) chancelle. La dépréciation du franc congolais provoque l’instabilité du taux de change mais aussi la flambée des prix sur le marché.
Un rendez-vous à Golgotha
Les plus touchés par la dépréciation du franc congolais sont les agents et fonctionnaires de l’Etat qui perçoivent leur salaire en monnaie locale. Alors que le taux de change ne fait que grimper dans les tours, ils sont sujets au traitement d’il y a toujours. Face à cette situation, ces salariés se trouvent dans l’impasse et ne peuvent lier les deux bouts du mois.
Si leurs salaires stagnent, tel n’est pas le cas des prix sur le marché. Bien que la loi budgétaire fixe le taux de 1450 francs congolais pour 1$ US, ceux-ci continuent de percevoir leur salaire au taux de 930fc pour 1$ US.
C’est ainsi qu’ils se sont réunis le mois dernier en brandissant la « mauvaise foi » du gouvernement, tout en l’interpellant sur les grèves qui seront observé jusqu’à ce qu’ils recouvrent ce que de droit. Bien au-delà des grèves, ce qui vient empirer les choses ce sont les appels aux journées mortes qui bloquent toutes les activités génératrices des revenus.
Un autre rendez-vous des agents et fonctionnaires de l’Etat est prévu à la place Golgotha, en face du bureau du trésor public à Kinshasa. Ces grèves vont-elle crucifier Barrabas ou le Messie tant que nous savons qu’elles contribuent à la détérioration de l’économie du pays ?
Qui en profite ?
Je dirai qu’il y en a, sans doute, ceux qui ne sont pas touchés et ceux qui tirent profit de cette crise monétaire. Si les premiers ne peuvent être pointés du doigt, les deuxièmes quant à eux, sont les commerçants.
D’une manière ou d’une autre, ils sont ceux qui jettent de l’huile au feu. Ils profitent de l’inertie de ces premiers, incapables de déterminer un taux fixe, de le stabiliser et de régir les prix, pour semer le désordre, la confusion et le chaos.
A chaque commerçant correspond un taux de change particulier, qui plus est, le taux d’achat n’est pas égal au taux de vente. Je suis sûr que là vous ne comprenez pas ce que je dis car, en effet, il faut être Congolais pour essayer d’imaginer ce que cela pourrait bien dire.
Un voyage dans le temps
L’histoire risque de se répéter, comme ce fut le cas au Zaïre de Mobutu où l’hémorragie économique est allée jusqu’à imposer un billet qui ne pouvait être converti sur le marché. Avec ce billet dit le « Yayote[1] » on était obligé de dépenser jusqu’au dernier centime car il n’avait pas de subordonné pour permettre la restitution lorsqu’on effectuer des achats.
Cela s’est produit vers les années 90, lorsqu’il y a eu instabilité politique au pays. Les investisseurs ne veulent pas prendre le risque d’hypothéquer leur argent dans un pays où tout est peut arriver à tout moment. Sachant qu’ils sont les grands détenteurs des devises, voilà ce qui expliquerait, dans une certaine mesure, l’inflation de la monnaie locale.
Avec ce qui se passe actuellement en République Démocratique du Congo, il ne reste plus l’ombre d’un doute que l’économie du pays empire de jour en jour.
[1] Un mot swahili signifiant Pour tout. Utilisé pour surnommé la monnaie zaïroise ses années 90 avec lequel il fallait trouver de quoi acheter car dans le cas contraire rien ne vous est restitué.
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