Une nuit avec mamie (partie II) : La vie de l’animal plus sacré que celle de l’homme en RDC

Article : Une nuit avec mamie (partie II) : La vie de l’animal plus sacré que celle de l’homme en RDC
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19 novembre 2017

Une nuit avec mamie (partie II) : La vie de l’animal plus sacré que celle de l’homme en RDC

A premier vue, le titre de mon article semble un peu philosophique. Vous vous dites peut-être qu’il s’agit ici d’encenser l’attitude ou les mœurs de l’animal comparativement à celui de l’homme. Non, tel n’est pas le cas. Mamie n’est pas philosophe, elle appelle le chien par son nom. Comprenez donc ce titre tel quel, il s’agit d’une triste vérité, qui s’observe à Masisi, à l’Est de la RDC.

Ce billet est la suite d’un premier. Vous pouvez le lire ici.

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Des vaches dans une ferme à Masisi
Photo: flickr.com

Par Jean-Fraterne Ruyange

Éblouissant par son relief et ses collines verdoyantes, Masisi est un territoire de la province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC. Magnifique et fertile région d’alpage, Masisi est aussi appelée la « Petite Suisse », où paît le bétail en toute tranquillité.

Ce territoire était déjà fort prisé et apprécié du temps des Belges – colonisation – pour son climat doux. On a l’impression d’être au milieu des Alpes, alors que la forêt équatoriale n’est pas bien loin… Paysages et vues magnifiques qui portent le regard à des kilomètres à la ronde.

C’est également là le fief du fameux et délicieux fromage de Goma. Des activités touristiques tendent à s’y développer : randonnées à cheval, visite de la production fromagère, guest-houses… Idéal pour une mise au vert et pour s’imprégner de la beauté des paysages du Kivu.

Entre l’homme et le bétail, le choix est clair

« Cultivateurs et éleveurs représentent l’essentiel de la population de Masisi. La croissance de la population conjuguée aux besoins nouveaux de terres agricoles crée de sérieux problèmes qui dégénèrent en conflits violents entre les deux. La mobilité des animaux à la recherche de pâturages et de points d’eau – en l’occurrence les vaches – ne se fait plus sans antécédents », s’est indignée grand-ma.

Ainsi s’instaure et s’accentue une compétition entre les acteurs du monde rural, cultivateurs et éleveurs. Chacun a naturellement tendance à privilégier son activité et à protéger ses intérêts. Dans cette lutte anonyme, les contacts se soldent par des oppositions et des antagonismes incessants. Ces conflits deviennent de plus en plus nombreux et graves, menaçant ainsi la cohésion sociale. « Économiquement fort, l’éleveur piétine le pauvre cultivateur en introduisant son troupeau dans les champs, souvent expressément, ce qui détruit les récoltes de ce dernier » a poursuivi mamie.

L’indignation et les plaintes du cultivateur sont considérées comme un manque de respect et une provocation par l’éleveur qui ne tarde pas à réagir en démonstration de force.

Si le conflit persiste, cela peut aller jusqu’à torturer le cultivateur,  pire encore, lui ôter la vie, pour que son bétail paisse en paix… Ce genre de situation prend des proportions inquiétantes qui « enlèvent à la vie de l’homme son caractère sacré » a conclu mamie.

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