Kargasok : une légende chinoise qui tue la jeunesse de Goma
« Depuis l’antiquité, l’homme a pressé les raisins pour en recueillir du jus. La fermentation naturelle, due à l’action de levures présentes dans le moût a transformé le sucre en alcool et en gaz carbonique. Le gaz s’échappant de lui-même, il en est resté le jus alcoolisé. Ainsi naquit le vin. » – Gérard Gosselin
Ma mère est parmi les premières personnes à être tombées sous le charme du Kargasok, à Goma. Je ne sais plus en quelle année elle a commencé à en fabriquer, mais je me souviens quand même que cela remonte à ma petite enfance. A l’époque, c’était une « merveille » inconnue du grand public. Elle en fabriquait pour une consommation domestique familiale. Elle n’en vendait pas, et même si elle pouvait en vendre, je suis sûr qu’elle ne pouvait pas avoir des clients à cette époque-là. Mais, d’abord, c’est quoi le Kargasok ?
Une légende ?
Le Kargasok est un jus alcoolisé obtenu à partir d’un champignon du thé dit « Kombucha », un mot russe signifiant littéralement « algue de thé ». D’après le site eBay, où il est possible d’acheter le fongus via internet, ce jus serait originaire de la Chine. Ici, sa consommation a vu le jour deux siècles avant notre temps et on l’appelait « élixir d’immortalité ».
Il a revêtu plusieurs noms à travers les âges et les pays où il a été importé. En Russie on l’appelait « fontaine de jouvence », au Japon « champignon des héros », sous d’autres cieux « champignon miracle » ou encore « champignon de charité »…
Si le Kargasok a toujours été prisé, c’est suite à une liste exhaustive des maladies qu’il soignerait qu’il a connu son essor. Sa préparation requiert une si grande vigilance ainsi que plusieurs exigences. Même si le Kargasok est considéré comme étant une boisson miraculeuse et bénéfique pour l’organisme, ses bienfaits ne sont traduits qu’en simples témoignages des personnes qui l’ont consommé et qui, dès lors, ont retrouvé la forme et la santé.
Cependant, en essayant de creuser dans mes recherches, je ne suis tombé sur aucune étude approfondie sur le Kargasok en termes d’efficacité, à proprement parler, sur la régulation du système immunitaire. Si quelqu’un peut m’orienter dans ce sens, merci de me laisser un commentaire.
Comment le Kargasok tuerait la jeunesse de Goma ?
Cette dernière décennie, le thé mystérieux a été mis à nu. Il a tellement affolé toute la population gomatracienne qu’il s’est retrouvé commercialisé à tous les coins de rue. Les commerçants ont attribué au Kargasok d’autres vertus, oubliées dans la légende chinoise, dont celle d’aphrodisiaque et d’apéritif pour accroître leur clientèle.
Ce marketing a été payant et a envoûté simultanément la curiosité et la soif de plusieurs jeunes. Pour ne pas perdre leur clientèle déjà conquise, les commerçants ont dû modifié la formule traditionnelle du Kombucha. Actuellement, à Goma, pour sa préparation, les commerçants font intervenir plusieurs roueries : des noyaux d’avocats aux racines d’arbres en passant par des stupéfiants et drogues, dont le cannabis.
De « fontaine de jouvence » à « fontaine d’indécence », le Kargasok a fait des victimes parmi les jeunes, sous l’œil indifférent des autorités politico-administratives. Alors que l’OCC (Office Congolais de Contrôle) a émis des doutes sur ce jus car ne provenant d’aucun fruit et n’étant pas un médicament prouvé scientifiquement, sa consommation n’est soumise à aucune réglementation.
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