Ruyange Jean-Fraterne

RDC : Des sanctions contre une meute insensible, ça ne changera rien !

L’union Européenne inflige des sanctions aux cadres politico-militaires de la RDC. Entre autre le gel de leurs biens, ils ne pourront pas se déplacer dans l’espace Schengen. Est-ce vraiment là des sanctions qu’il faut aux auteurs de tant des violences et violations de Droit de l’homme au pays ? Est-ce une solution pour la sortie  de l’impasse politique de Kinshasa ? Ces questions n’ont vraiment rien avoir avec l’alternatif que je crois impératif.

Lambert-Mende
Le porte-parole du gouvernement de la RDC ciblé aussi par les sanctions de l’UE

Par Jean-Fraterne Ruyange

Bien, je vais être directe, pas besoin de passer par une litanie d’idées ou développer un tas des théories.  La crise congolaise se résume en une et unique chose : Le manque de douceur au sein du gouvernement. En d’autres termes, l’exclusion de la femme dans cet organe. Je ne viens pas défendre les droits de la femme ni la promouvoir mais montrer combien son implication est incontournable dans l’éradication de la crise qu’encoure notre pays en ces moments. Ce n’est pas le mois de la femme, je sais, mais ce n’est pas en hurlant pendant les 31 jours du mois de Mars que la condition féminine pourra s’améliorer et arriver à l’égalité 50-50 que nous espérons. Cette lutte doit être quotidienne.

Différence entre l’homme et la femme chez les Africains

En RDC particulièrement et en Afrique en général, la femme représente la douceur, la tendresse, l’affection, pour ne pas dire l’amour, l’honnêteté, la charité, la loyauté et surtout la bienveillance. L’homme cependant est le symbole de l’avidité, l’égoïsme, la brutalité et la dureté. Je pense que cela soit valable pour le reste du monde aussi.  Je suis aussi un homme et je dis cela en tout état de conscience. J’espère aussi que les objections à ce niveau n’auront pas assez d’ampleur.

La nation a donc besoin de ces qualités féminines pour éviter et lutter contre la déraison des hommes. Malheureusement, ces trésors sont inexploité, les femmes congolaises sont dans l’inaction, et garde au fond d’elles tous leurs atouts. C’est un peu comme une épée dans son fourreau, elle n’est d’aucune utilité.

Si éduquer la femme c’est éduquer la nation, comme le prétend le poète égyptien Ahmed CHAOUKI, promouvoir la femme ne serait pas édifier et développer la nation?

Des sanctions ?

Maintenant que nous venons de voir cette différence entre l’homme et la femme, revenons à nos « sanctions ».

A mon entendement, les sanctions politiques ne sont pas vraiment ce qu’on peut appeler sanction. Je me souviens, quand j’étais encore à l’école secondaire, les sanctions consistaient à une exclusion de 3 jours à une semaine. On pouvait aussi nous soumettre à certains travaux comme le nettoyage des locaux scolaires ou des lieux d’aisance.

Quant à nos politiciens, ils vont rester en fonction sauf qu’ils ne pourront pas se déplacer dans l’espace Schengen. Qu’est-ce que ça change ? Dire que leurs biens dans cet espace seront gelés, qu’en sera-t-il de ceux qui n’en ont pas là-bas? C’est peut-être parce que je ne connais rien de la politique mais je ne trouve aucun caractère répressif dans ces sanctions. Les sanctions ont été prises, puis seront levées, et après ?

L’impératif

Comme je l’ai dit un peu haut, nous ne devons rien espérer d’un gouvernement sans douceur. Il faut une dose de douceur dans la politique congolaise pour que renaisse l’espoir. En prenant en exemple nos trois derniers gouvernements, nous avons eu d’abord 7 femmes sur 47 membres puis 8 sur 67 et en fin, actuellement,  6 sur 59. Une représentation simplement alarmante.

Nous avons vécu une alternance de trois gouvernement dans un intervalle de six mois en RDC, mais toujours pas de changement. Cela peut s’expliquer par le fait que ce sont toujours des hommes qui s’y cramponnent et s’en procure la part du lion. Le soleil du chaos brillera à son zénith tant qu’il pourra, ils s’en passeront parce qu’ils leur manque de la douceur, de la féminité.

Si l’Union Européenne discrédite Bruno Tshibala et attend la nomination d’un nouveau premier ministre, il faudra que ça soit une femme pour que les Congolais puissent afin espérer voir l’organisation des élections.

Vu l’allure où vont les choses en RDC, s’il faudra une transition, je me joins à l’opposition qui le voudrait bien sans Joseph Kabila, pour qu’une femme tienne la présidence aussi.  Vous vous demandez du coup si au Congo nous avons des femmes capables d’assumer ces postes à la tête de l’Etat. Et oui, nous en avons. Les mondoblogueurs Chantal Faida et Gaius Kowene avaient établi une liste des femmes présidentiables en RDC. Elles ne sont pas que 10. La deuxième partie de cette liste nous en dira d’avantage, et j’espère y trouver aussi le nom de Chantal Faida car elle me mérite bien.

Autrement-dit, toutes les sanctions, les dialogues, consultations et que sais-je encore ne serviront à rien. Il faut de la douceur pour désamorcer l’impasse politique de Kinshasa.


A Goma, la séduction en ligne et le harcèlement des jeunes filles sur Facebook

Récemment, un confrère de Habari RDC a écrit sur les inconvénients des mariages contractés sur Facebook, en République Démocratique du Congo (RDC). Lire son article m’a donné envie de savoir comment les gens parvenaient à tisser des liens amicaux via des réseaux sociaux, jusqu’à vivre des relations d’amour virtuelles, se soldant parfois par le mariage. Il existe même des astuces pour guider les sociaux-séducteurs. S’il y a bien quelques exemples de relations qui marchent, la séduction en ligne est, cependant, mal perçue par bon nombre des filles.

Cupidon a rejoint Facebook

Facebook ne comble pas seulement la distance entre des personnes qui se connaissent, il ouvre aussi des possibilités de nouvelles relations. Qu’il s’agisse de personnes vivant dans un même pays ou dans des pays différents, voire sur des continents différents. Il a même trouvé un « mot stratégique » pour qualifier les followers en les appelant amis.

Les rencontres virtuelles sur Facebook permettent aux « amis » de se suivre, de se parler, de se saluer, de partager de nouvelles informations, des photos ou encore des images. Elles permettent aussi aux gens de se connaitre et se découvrir pour des raisons très diverses. Les raisons sentimentales en font partie, elle sont donc aussi au rendez-vous. Comme l’a chanté Lara Fabian dans sa chanson Les amoureux de l’an 2000 :  « les battements de cœur se transmettent par ordinateur ». Cupidon a élu domicile sur la toile. Le clavier de l’ordi a remplacé son arc et l’internet ses flèches. Et comme toujours, quand il rate sa cible, les plaintes sont inévitables.

Selon une série d’articles de l’Express, dans la plupart des cas, le harcèlement sur les réseaux sociaux est la résultante d’une séduction qui a mal tourné (mis à part les cas de moqueries et le chantage). Ce phénomène s’accentue avec le développement du numérique et plusieurs cas négatifs sont tus, surtout en Afrique, souvent parce-que les victimes ne veulent pas parler, quant aux influenceurs, ils ne s’en préoccupent quasiment pas.

Séduction ou harcèlement ?

J’ai écouté les différents points de vue des amies que j’ai  consulté à ce sujet, mais au final je n’ai pas su prendre position. Pour certaines, favorables à la cyber-séduction, il n’y a rien de mal à se taper un ami, un copain ou un fiancé en ligne, et ce, dans la mesure où il y a une chance que ça marche ! Pour d’autres, cette pratique est loin des contes de fées où elles voudraient plonger. Facebook étouffe le romantisme car, pour ces dernières, une vraie relation amoureuse doit naître d’un coup de foudre : un regard charmant, un sourire séduisant… ou quelque chose du genre.
Pour elles, quelqu’un qui prétend t’aimer alors qu’il ne t’a jamais rencontré est suspect, c’est à priori mal intentionné. Du coup, elles sont hostiles à ce genre de rencontre, virtuelle au départ. En les écoutant, elles sont unanimes sur un bon nombre de points qu’elles critiquent car elles en sont victimes : « des avances incessantes de la part d’ inconnus, des messages indésirables et aberrants comme, par exemple, des photos ou film XXX, des publications impropres sur leur compte… la plupart avouent que ces inconnus solliciteraient aussi des photos où elles sont nues.

Celle qui m’a le plus étonné considère comme loosers et froussards tous ces mecs qui s’adonnent à la séduction en ligne. Pour cette amie, « ce sont des gars en crise de confiance qui passent par Facebook pour séduire. Et lorsque ça ne marche pas comme ils l’auraient voulu, ils se transforment en obstinés qu’ils ne sont pas forcément en réalité. »

Maintenant, les gars, vous êtes prévenus !  Revoyez vos tactiques de drague.


La légende des mines de Walikale en RDC

Cette légende, jusqu’avant-hier, je ne la connaissais vraiment pas. Il se trouve que tous les griots que j’avais rencontrés l’ignoraient aussi. Cependant, ce n’est qu’après la mort de mon oncle, paix à son âme, que j’ai découvert cette légende sur les minerais de Walikale, au nord Kivu de République Démocratique du Congo. 

Mines de Walikale
Photo : Monusco

Par Jean-Fraterne Ruyange

Une drôle de légende

Comme un endroit de deuil est un endroit de regroupement, les causeries sur des sujets suscitant la curiosité y naissent très souvent.Je me suis immiscé dans une étrange discussion sur des personnes qui auraient des pierres précieuses dans leur corps. Après une suite des questions que j’ai posé là-dessus, c’est quelque chose d’incroyable qui m’a été raconté :

« Travailler longtemps dans les mines change l’anatomie des hommes, les os du squelette se transforment en minerais. »

Voilà ce que dit cette légende. Mais comment les gens ont-ils pu arriver à cette conclusion  chimérique ?

La mort au centre de cette légende

Selon ce qui m’a été raconté, cette légende ne date vraiment pas de très longtemps. Elle serait née entre les années 1980 et 1990 et continu à faire mouche jusqu’à présent. Elle est née en réponse à un phénomène inquiétant qui s’observe dans les mines de ce territoire du Nord-Kivu, une des 26 provinces de la RDC.

En effet, tous les hommes qui vont s’engager dans l’exploitation des minerais à Walikale ne reviennent plus. Ils y meurent, en grande partie du moins. C’est ainsi que la légende dit :

« Ces hommes qui travaillent dans les mines de Walikale n’ont pas d’os. En vivant dans les mines, leur corps se métamorphose et leurs os deviennent aussi des minerais. C’est ce qui fait qu’ils se sentent liés à cette vie-là et qu’ils ne peuvent faire marche arrière, aller retrouver leur famille ou revenir à leur vie d’avant. Quand ils meurent, ils sont enterrés dans les mêmes mines et dès que leurs corps se décomposent, ils laissent place aux nouveaux minerais»

Le géo-scandalisant

Oui, c’est vraiment scandalisant que de voir d’une personne partie depuis plus de 10 ans ne revenir qu’une nouvelle annonçant sa mort. Un deuil sans dépouille, une femme veuve, des enfants orphelins, voilà le vrai scandale familial que produisent nos minerais.

Si la RDC est qualifié de scandale géographique, Walikale quand à lui est un scandalisant familial. Je me demande comment ces hommes peuvent avoir des mains libres et fortes pour extraire des minerais mais pas suffisamment libres pour en jouir avec leurs familles.

Bien d’autres scènes obscènes liées à l’exploitation des minerais à l’Est de la RDC sont illustrées dans le film « Du Sang dans nos portables ». Même si cette légende ne s’écarte pas trop du mode exogène de formation des minerais, une question perdure : entre les mines et les hommes, qui exploite qui ?

Et la légende continue…


RDC : La carte d’électeur, sésame des adolescents de Goma

Dans mon pays, la RDC, tout se passe à l’envers. Ici il n’y a jamais des règles claires pour tout. Si dans le monde entier on s’inscrit sur les fiches électorales pour participer aux élections, j’ai remarqué que les jeunes de mon pays le font plutôt parce qu’ils aiment bien le Rwanda, notre petit voisin bien attrayant.

Serena hôtel
Plage de l’hôtel Serena au Rwanda. Ph : Serena hôtel

Par Jean-Fraterne Ruyange

Le Rwanda, un petit paradis à la frontière Est de la RDC

Malgré sa superficie insignifiante, le Rwanda a atteint un standard de développement avancé. En la matière mon pays ne peut rivaliser avec ce vaillant petit voisin. Notre grand Congo, le géo scandale africain, le pays-continent, – oui, nous nous enorgueillissons, nous autres Congolais, sans pourtant en tirer profit – ne nous procure que des illusions de ses richesses, de son sol fertile, de son potentiel de développement, d’une fin de la série des guerres et de l’insécurité, de la création de l’emploi…Tout cela risque d’être réduit à un mythe dans la mesure où les Congolais ne l’ont jamais vécu. Cependant, la plupart de ces choses, les Congolais s’en procure chez leurs voisins.

La plupart des jeunes congolais préfèrent s’installer au Rwanda pour les avantages que ce pays procure : loyer moins cher, eau et électricité disponible 24h/24, sécurité mais aussi sérénité. Au pays du président Paul Kagame les églises et les boites de nuit n’ont pas le droit de faire du tapage. Ce qui permet aux élèves et étudiants, scientifiques et chercheurs d’avoir un climat de travail favorable. Ici, on privilégie le respect du droit et de la dignité de l’autre.

S’enrôler pour voter ou pour visiter le charmant voisin ?

En prévision des prochaines élections en RDC, l’enregistrement des nouveaux électeurs a été lancé. Une occasion en or pour les jeunes de Goma de se procurer ces cartes d’électeurs qui permettent aux Congolais de franchir la frontière rwandaise.
Une fois enregistrés, ils se hâtent d’aller au Rwanda. Ils y envahissent les rues, la plage, les hôtels, voire même le lac et bien d’autres. Depuis le début de l’enrôlement, le taux de migration journalier de Goma vers le Rwanda s’est considérablement accru.

La plus grande cause de ce déplacement des jeunes est plus curieusement « le loisir » sur le lac Kivu. Si les Congolais et les Rwandais se partagent le lac Kivu, ils ne l’exploitent de la même manière. Chez les uns le lac est inaccessible par tous, chez les autres y accéder c’est aussi un droit.
Chez nous à Goma, d’un côté des habitations des privés surplombent la rive du lac Kivu, de l’autre côté ce sont des hôtels de classe que les démunis ne peuvent pas fréquenter. Aucune plage n’y est aménagée. Cependant, chez nos voisins, la rive du lac est dégagée et un beau paysage l’ennoblit. Inutile de parler des attrayantes plages aussi publiques que privées qui y sont aménagées.

Des romances et des bons souvenirs

« Ma première adresse mail, je l’ai créé au Rwanda », m’a dit un aîné. « C’est là que pour la première fois j’ai touché à un ordinateur »
Cette avancée technologique du Rwanda face à notre pays est encore une réalité. Personnellement, quand j’ai besoin d’une bonne connexion, je dois traverser la frontière. Le coût de l’internet y est aussi très réduit. Ce pays est donc un paradis pour le blogueur que je suis.

Pour les ados congolais, le Rwanda est un pays romantique. Une histoire d’amour sur la plage : un vrai conte de fée. Tu n’as jamais fait visiter le Rwanda à ta copine, tu passes pour un mec qui ne s’y connaît pas à la séduction. Les vraies romances, ce n’est qu’au Rwanda où elles sont possibles. C’est en tout cas ce que pensent les adolescentes de Goma actuellement.

Si les relations politiques entre ces deux pays se crispent, les relations sociales se portent plutôt bien. Nos politiciens continueront à se crêper les chignons tant qu’ils pourront, cela ne nous affecte en rien : nous savons que nous avons besoin les uns des autres.
Et même quand la question des élections en RDC fait couler autant d’encre que de salive, nous autres jeunes disons juste : « Gardez vos élections et donnez-nous des cartes d’électeurs, nous irons visiter le Rwanda ! »